Vous aurez peut-être entendu le rappel de moules contaminées à la toxine PSP, conditionnées le 31 mai, et commercialisées entre cette date et le 2 juin. J’ai remarqué mardi 11 juin cet article en ligne dans la presse généraliste (PQR > Sud-Ouest).
Quelque chose m’intrigue alors : comment se peut-il que l’article soit daté du 11 juin, pour un produit commercialisé 10 jours plus tôt, dont la consommation selon tout bon sens intervient rapidement après achat, et dont la contamination pourrait générer des symptômes, selon les termes du rappel, repris par le journal, dans la 1/2 heure suivant l’ingestion ?
Forcément, le quidam étant toujours prêt à critiquer les grands méchants distributeurs, on voit dans les commentaires de l’article de presse s’entasser les critiques à l’égard d’Intermarché et Carrefour.
Mais alors, allons chercher une autre source : sur Oulah, un agrégateur de notices de rappels, on voit une publication de l’alerte datée du 3 juin, revendiquant comme source le site carrefour.fr. Les distributeurs, alertés par leur fournisseur, ont donc publié cette notice de rappel au plus tard le 3 juin.
Alors, pourquoi Sud-Ouest n’en parle que le 11 ?
- Possibilité 1 : le ou la journaliste « généraliste » ne mesure pas les enjeux et l’article est posté sur le site internet du journal, en ne se rendant pas compte que cette information est déjà beaucoup moins utile.
- Possibilité 2 : le ou la journaliste s’est appuyé sur une information déjà relayée tardivement par d’autres sources.
Je me suis alors rendu sur le site de 60 millions de consommateurs, d’une part ; et le site des rappels de la DGCCRF d’autre part :
- Le rappel des « moules Carrefour » est posté dans un article de 60 millions de consommateurs mis en ligne le 8 juin, soit 5 jours après l’alerte et… dernier jour ouvrableprécédent l’article de Sud-Ouest, le 11. On note dans la version de la page consultée ce jour que la source d’information pour les moules contaminées mises en vente par Carrefour serait… Intermarché – c’est ironique, et cela ressemble surtout à une coquille.
- Pas de trace du rappel sur la page de la DGCCRF dans les rappels de début juin
Alors, quelles leçons tirer de tout cela ?
Lorsque des produits de consommation courante présentent des risques pour les personnes, en raison d’un défaut de conception ou de fabrication ils peuvent faire l’objet d’un retrait et d’un rappel.
Le retrait est une mesure de prévention consistant à retirer des rayons ou des dépôts des produits non encore vendus : il vise à empêcher la distribution du produit avant que le consommateur puisse l’acheter.
Mesure supplémentaire, le rappel intervient en revanche lorsque des risques pour la santé ou la sécurité du consommateur sont détectés, après la mise sur le marché du produit. Une fois le constat établi de l’existence de produits défectueux, le fournisseur et son ou ses distributeurs doivent prendre toutes les dispositions nécessaires, y compris informer les autorités publiques et surtout le consommateur. Un dossier très bien réalisé des Echos sur ce sujet : https://business.lesechos.fr/directions-juridiques/droit-des-affaires/contentieux/0301161895607-produits-defectueux-comment-gerer-la-crise-318018.php
Les retraits et rappels sont des opérations plus complexes que beaucoup ne le pensent et dans lesquelles on travaille contre la montre.
Or, la multiplication des processus du côté des acteurs, combinée à une méconnaissance de certains journalistes, aboutit à une perte d’efficacité et au retard d’information du consommateur. C’est sur ce constat que le projet Spread&Cole a été lancé et que nous avons publié la version bêta de la plate-forme en avril 2019.
Dans un monde où les relations entre les acteurs du commerce évoluent ; où la circulation des informations, via les réseaux sociaux, peut détruire une réputation d’entreprise en quelques heures ; où les consommateurs accordent chaque jour plus d’importance au sentiment de sécurité et de confiance pour choisir leurs marques et enseignes, il est important de changer la manière de faire, en partageant des données opérationnelles, en temps réel, entre industriels, distributeurs, pouvoirs publics et consommateurs, pour collaborer et progresser, ensemble. C’est notre challenge !
Les fournisseurs de la grande distribution peuvent s’inscrire gratuitement dès à présent sur spreadncole.com. Au lancement de la V1 prévu au 1er semestre 2020, un modèle économique adapté à toutes les tailles d’entreprises, de la TPE à la grande entreprise, sera activé, permettant dans toutes les situations au fournisseur de notifier dans les meilleurs délais et conditions un incident mettant en péril les consommateurs.